Lorsque les arts martiaux primitifs arrivèrent en
Extrême-Orient, ils y prirent racine et se diversifièrent
graduellement en un certain nombre de disciplines.
Malheureusement, nous ne savons presque rien de cette première
période qui se perd dans le mythe et la légende.
Quelques rares éléments d'information disséminés dans les
anciennes traditions littéraires et artistiques de la Chine et
de l'Inde nous laissent croire cependant que le début du
développement des arts martiaux dans ces civilisations se
situerait entre le 5e s.av.JC (époque ou la chine
commençait à fabriquer des sabres en grand nombre) et le 3e
s.apr.JC (date à laquelle sont transcrits pour la première fois
les exercices fondamentaux des arts martiaux).
Les documents ou objets sont fort rares au début de
l'histoire des arts martiaux. En fait de nombreux maîtres
( pensent aujourd'hui que leur art a vu le jour en Chine au début
du 6e siècle de notre ère.
Cette conviction repose sur une légende qui raconte comment
arriva un jour au temple Shaolin, au pied des monts Song-Chan du
royaume de Wei, en Chine, un moine venu de l'Inde, Bodhidharma.
Ce moine enseignait une nouvelle forme de bouddhisme, plus
directe, dans laquelle le disciple cherchait à atteindre
l'illumination par la méditation perpétuelle. Bodhidharma serait
lui-même resté neuf ans assis à contempler le fond d'une grotte
avant de former d'autres moines à son école.
Pour les aider à supporter ces longues heures de méditation,
Bodhidharma leur enseigna des techniques respiratoires et des
exercices qui leur permirent de s'endurcir et de mieux se
défendre dans les montagnes reculées ou il vivaient. De ces
enseignements serait né le dhyana, c'est-à-dire l'école du
bouddhisme méditatif que les Chinois appellent ch'an et les
Japonais zen.
L'art martial connu sous le nom de shaolin ch'uan-fa, ou la
boxe du temple de Shaolin, serait lui aussi fondé sur ces
exercices, tout comme de nombreux autres arts martiaux de la
Chine et du Japon seraient issus de le même tradition.
Pourtant, une étude attentive des documents historiques
montre que les arts martiaux étaient déjà florissants en Inde
comme en Chine, bien avant le voyage de Bodhidharma.
La diffusion des arts martiaux
L'histoire des arts martiaux à partir du 3e
siècle est celle du développement graduel de leurs techniques,
de l'enrichissement de leurs philosophies et de leur lente
diffusion dans d'autres pays, généralement sur les pas du
bouddhisme.
De nombreux arts martiaux différents sont apparues en Inde
et en Chine au cours des mille cinq cents dernières années.
Nombre d'entre eux sont toujours pratiqués, et la plupart sont
issus de quelques grandes écoles fondatrices. Par exemple, la
majorité des écoles de kung-fu paraît s'inscrire dans la
tradition de la boxe du temple de Shaolin. C'est sous forme
systèmes complets, constitués d'une idéologie autant que d'une
pratique ou d'une technique, que les arts martiaux ont franchi
les frontières de la Chine et de l'Inde pour se répandre en
Corée, au Japon et dans le sud-est de l'Asie.
Ces pays devaient posséder aux aussi leurs propres arts
martiaux, mais les techniques et les idées venues de l'étranger
s'imposèrent par leur supériorité et firent évoluer peu à peu
les arts indigènes, les transformant en arts martiaux
authentiques.
Les arts martiaux actuellement pratiqués en Birmanie, en
Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, en Indochine, en Corée
sont tous clairement apparentés à la boxe chinoise. Cependant,
c'est son contenu intellectuel qui distingue un art martial d'un
art de combat. Même si nous savons comment les arts martiaux se
sont propagés d'un pays à l'autre, nous ignorons encore quand a
eu lieu cette assimilation plus profonde qui transforma les arts
indigènes en arts martiaux.
Les Japonais, fortement influencés par la culture chinoise,
ont surtout appris les leçons des anciens maîtres au début de
leur histoire, puis mirent lentement au point leurs propres arts
martiaux. Aujourd'hui, le japon est le pays le plus riche
d'Asie par la diversité de ses arts martiaux et par le nombre
relatif des personnes qui les pratiquent.
Les
arts martiaux en Occident
Le monde occidental ignorait pratiquement tout des arts
martiaux d'Orient avant le 20e siècle. Les premiers
voyages d'exploration des Européens ne datent que du 14e siècle.
A partir de 1400, leurs explorations successives leur révélèrent
peu à peu un monde qui les remplit d'étonnement.
Les premières disciplines martiales bien connues qui soient
purement européennes sont celles qui étaient pratiquées aux
grandes fêtes et compétitions de la Grèce antique. Les plus
célèbres d'entre elles furent naturellement les jeux Olympiques,
ou se déroulaient des combats de lutte et de boxe, à côté
d'activités plutôt liées au maniement des armes, comme le lancer
de javelot. Le pancrace, un assaut de lutte et de boxe qui se
terminait parfois par la mort du perdant, était le plus brutal.
Mais ces jeux, aussi sanglants qu’ils aient pu être, étaient
essentiellement des sports, exécutés devant un public, dans un
esprit de compétition et de divertissement. Rien ne permet de
croire qu'ils aient eu des objectifs plus profond de
développement personnel.
Environ mille ans plus tard, l'Europe médiévale vit naître
une classe de guerriers qui, à plus d'un égard, furent les
archétypes européens des adeptes des arts martiaux. Le chevalier
médiéval, dont l'adresse et le courage étaient trempés au
combat, vivait selon un code ou l'emploi des armes jouait un
rôle clé.
Les arts martiaux du moyen age n'étaient pratiqués que par
les chevaliers. Les meilleurs d'entre eux au champ de bataille
ou dans la lice s'efforcèrent de créer une idéologie compatible
avec les arts qu'ils pratiquaient.
Au 15e siècle apparut cependant une discipline
plus sérieuse. En Angleterre commencèrent à s'installer des
personnes qui se donnaient le titre de "maîtres des nobles arts
de défense". Ces hommes enseignaient les techniques de combat
aux civils et aux gens d'armes. Leurs disciplines favorites
étaient l'escrime au bâton et à l'épée, les parades à l'écu et
la lutte à coups de poing. Un de ces maîtres n'est autre que
James Figg premier champion reconnu de boxe. James Figg attira
l'attention de la bonne société londonienne, et l'engouement qui
ensuivi donna naissance à la boxe sportive.
Etrangement, il existe cependant en France une discipline
très semblable sur le plan technique aux arts de combat
asiatiques. Appelée autrefois la savate ou le chausson, elle fut
perfectionnée au 19e siècle pour devenir ce qu'on
appelle aujourd'hui la boxe française. Il semblerait qu'elle
soit née d'un art de combat populaire dans lequel coups de
poing, coups de pied et crocs-en-jambe étaient autorisés. Ces
techniques sont semblables à celles du karaté, et il n'est pas
impossible qu'elles aient subi une certaine évolution lorsque
les arts asiatiques commencèrent à se répandre en Europe Malgré
ces ressemblances, la boxe française n'a d'autre prétentions que
d'être un sport de détente et de défense, sans constituer le
moins du monde une "voie" ou un "mode de vie". |